Quelques conseils pour démarrer un élevage de poules

Samedi 6 février 2016, la permanence de Collembole avait pour thème l’élevage des poules. En voici un compte rendu rédigé par Grégory, enrichi de quelques références.

Plusieurs des personnes présentes lors de cette permanence élèvent des poules, parfois depuis très longtemps, et dans des contextes différents : à la campagne ou en ville, avec un très grand ou un tout petit terrain, avec uniquement des poules ou avec beaucoup d’autres animaux de basse-cour, avec seulement quelques poules ou avec plusieurs dizaines… C’était très intéressant d’avoir cette diversité car cela nous a permis d’avoir des conseils variés, adaptés à des situations elles-mêmes diverses. Ces conseils, que nous reproduisons ci-dessous, sont bien sûr à vérifier auprès d’autres propriétaires de poules, et dans quelques livres que nous citerons en bas de ce texte 😉

 

Ai-je assez d’espace pour accueillir des poules ?

 

De combien d’espace faut-il disposer pour avoir des poules? Cela dépend bien sûr si on a beaucoup de terrain, avec un “parcours libre” qu’elles peuvent arpenter la journée, ou bien un petit jardin avec un espace réservé pour les poules, où on leur apporte leur nourriture. En moyenne on estime qu’il faut compter environ 10 m2 par poule pour qu’elles soient bien.

 

En permaculture il y a un critère assez simple pour estimer le nombre de poules qu’on peut accueillir dans un espace donné : s’il n’y a plus d’herbe dans le poulailler, c’est tout simplement qu’il est trop petit pour le bonheur des poules !

 

La poule est-elle compatible avec le jardin?

 

Oui, mais à condition de ne pas les y lâcher tout le temps.

Bien sûr, si on les laisse arpenter le jardin au printemps et l’été, elles y font des ravages, car elles mangent les graines semées, elles arrachent les jeunes pousses, elles mangent les feuilles de salade, etc.

Mais à l’automne et en hiver, dans les zones qui ont déjà été récoltées, elles ont un rôle très utile : elles mangent les graines d’adventives (donc moins de “mauvaises herbes” l’année suivante), elles déposent du fumier (donc il y aura déjà du compost au printemps)…

Ce qu’il faut c’est simplement gérer les parcelles, avec des grillages qu’on ouvre ou qu’on ferme, ou avec des “tracteurs à poules”.

Si on a une serre, on peut en fermer les portes et lâcher ses poules dedans à la fin des récoltes, en très peu de temps tout est nettoyé et en partie fertilisé pour la saison suivante.

On peut aussi installer des poules dans le verger, c’est parfait pour elles (elles mangent les fruits tombés et pourris, elles fertilisent le sol où poussent les arbres).

 

A la campagne, les anciens mettaient souvent le poulailler sous un noyer (ou un noyer dans le poulailler), parce que sous un noyer rien ne pousse (à part les orties), et aussi parce que dans un poulailler plus rien en pousse (à part les orties). Ils avaient une certaine logique! Les poules ne mangent pas les noix, et peuvent se percher dans le noyer, à l’ombre.

 

Autre exemple d’interaction maligne entre les joules et le potager, proposé par l’association La graine indocile : on peut pailler en permanence le sol du poulailler avec une épaisse couche de paille, à laquelle les excréments se mélangent. Lorsque la paille commence à disparaître (car elle se décompose peu à peu), environ tous les deux mois, elle est remplacée par de la paille neuve, et la vieille paille enrichie termine au jardin, par exemple pour pailler des cultures en place, ou pour alimenter un tas de compost.

>> En paillant le poulailler, on améliore la fertilité du jardin en y dispersant des fientes qui, concentrées, auraient occasionné une pollution.

Cette solution évite aussi de patauger dans la boue 😉

 

>> Comme on voit, il y a une vraie synergie entre les poules et les plantes. Les besoins des unes correspondent à ce que produisent spontanément les autres.

– les besoins d’une poule, ce sont les déchets de cuisine qu’on lui donne à manger, les insectes et les graines qu’elle trouve dans le sol…

– à l’inverse, une poule non seulement fournit des œufs et/ou de la viande (et des plumes), mais elle mange des insectes nuisibles aux cultures, elle fertilise le sol…

>> C’est une excellente idée de les associer !

 

* Quelle race de poule choisir ?

 

– Si possible avoir plusieurs poules de races différentes, qui ont des caractéristiques différentes, qui ne donnent pas les mêmes œufs, etc.

– Préférer des poules rustiques, tranquilles, qui ne sont pas sélectionnées à outrance pour pondre ou au contraire pour la chair. Des “poules de gouttière”, quoi 😉 Par exemple la “cayenne”.

 

* Où acheter une poule ?

 

Il y a des salons, des magasins spécialisés… Plusieurs personnes présentes conseillent le tout petit élevage de « la mamie du coin », surtout quand on peut aller le visiter pour voir dans quelles conditions vivent les poules. On peut aussi échanger des poules avec ses voisins…

 

* Une ou plusieurs poules ? Un coq, oui ou non ? Des poussins d’un jour ou une poule avec ses petits ?

 

Si on achète de tout jeunes poussins, il faut savoir qu’ils risquent fort de ne pas développer leur instinct ; en particulier on risque d’avoir des poules qui ne savent pas gratter le sol, et encore moins couver leurs œufs. Dans certains cas elles peuvent apprendre en regardant les autres faire, mais c’est très rare pour le fait de couver les œufs.

>> >Rien ne vaut les poussins qui ont grandi avec leur mère.

* Les poules sont des animaux sociables : il faut toujours en avoir au moins deux, sinon elles ont tendance à dépérir.

 

* Plusieurs heureux possesseurs de poules présents disent qu’à leur avis, quand on le peut, c’est bien mieux d’avoir un coq : il organise la vie du “plateau”, il a un rôle protecteur, il incite les jeunes poulettes à observer et à copier les comportements des plus anciennes… Un poulailler sans coq, ce n’est pas vraiment un poulailler.

Le bon ratio est de 1 coq pour 10 poules environ.

Il ne faut quand même pas passer sous silence l’inconvénient que peut représenter le coq pour les voisins (et pour la famille également), si jamais il est matinal et bavard. Heureusement ils ne sont pas du tout tous pareils, mais ça arrive ! Et quand on a deux coqs c’est pire, car ils entrent alors en concurrence et ont tendance à se lancer dans des concours de  vocalises.

 

Comment concevoir le poulailler ?

 

* A l’état sauvage (coqs de bruyère, tétras-lyre, faisan…), les gallinacés sont des animaux qui vivent plutôt dans les clairières ou les sous-bois, en tous cas c’est dans ces écosystèmes que se trouvent leurs lieux de nidification et de reproduction.

C’est pour cela qu’elles se perchent : c’est leur instinct qui leur commande de s’installer en hauteur pour échapper à leurs prédateurs.

Il faut donc absolument des perchoirs dans le poulailler.

* Un petit truc pour diminuer la corvée de nettoyage : installer juste en dessous des perchoirs des caisses qu’on pourra vider dans le compost, ou une gouttière qu’on videra une fois de temps en temps avec une pelle de jardin ou un plantoir de même diamètre.

 

* Une poule, ça vole, et donc ça peut s’échapper. Pour éviter cela, on peut leur couper le bout des plumes, mais sur une seule aile (pour déséquilibrer leur vol) ; ça ne leur fait pas mal du tout, et ça repousse.

 

* Les poules sont des animaux très rustiques, qui ne souffrent pas du grand froid du moment qu’elles sont à l’abri, et pas non plus de la chaleur du moment qu’elles ont de l’ombre et beaucoup d’eau à disposition.

C’est pour ça aussi qu’un poulailler surélevé est intéressant : il est isolé de l’humidité pendant la mauvaise saison, et pendant l’été il y a un peu d’air qui circule et les poules peuvent se mettre à l’ombre en dessous.

 

Comment sécuriser le poulailler ?

 

Les renards, les belettes, et même les blaireaux, sont très friands de poules et viennent se servir si on leur en laisse l’occasion, surtout à la naissance des petits quand il y a beaucoup de bouches à nourrir (entre février et avril).

Le renard est nocturne et chasse surtout la nuit, mais il peut aussi se déplacer le jour, surtout s’il y a des petits à nourrir.

Selon Monique Plessier, les divers prédateurs des poules se reconnaissent à leur méthode.

– La fouine tue tout jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de mouvement et elle est excitée par le sang, donc la plupart du temps aucune poule n’en réchappe. En général elle n’emporte pas les poules mais seulement la tête.

– En revanche, le renard emporte la poule entière et on trouvera des traces de bagarre, surtout pour un coq.

 

Comment protéger le poulailler?

– Quand il y a des portes, ne pas oublier de les fermer 😉 Un oubli suffit, et couic on peut perdre toutes ses poules en quelques minutes. Mais si on ferme bien, pas de problème !

– Bien vérifier que le grillage ou les planches de mur descendent au sol sans faire de trou, et de préférence les installer aussi jusque 20 cm sous terre au moins (le renard est un animal qui creuse des terriers…)

– Si le poulailler est de petite taille, c’est une bonne idée de le surélever, sur des parpaings par exemple, ce qui permet de le fermer de façon hermétique tous les soirs.

– Quand on a des fouines dans les environs, il faut renforcer les mesures de prévention : même un mur de 2 mètres de haut ne les empêche pas d’entrer, a fortiori un grillage, et elles sont capables de passer par de tout petits trous dans la cabane.

 

Que donne-t-on à manger aux poules ?

 

Ce ne sont pas des animaux très difficiles : elles mangent par exemple quasiment toutes les épluchures, les restes de repas, les déchets de jardin (plants de haricots, pieds de chou, salades non récoltées), les fruits tombés dans les vergers…

Il convient aussi de leur donner, en complément, une dose quotidienne de céréales en grain. 5 à 10 grammes par poule et par jour peuvent suffire si par ailleurs l’alimentation est riche et variée.

 

Attention aux céréales que l’on donne:

– si on veut des œufs : du blé, mais pas d’orge

– si on veut des poulets de chair : du maïs pour les engraisser.

La quantité de nourriture à donner aux poules variera beaucoup suivant qu’elles ont autre chose à manger. Quand elles en ont trop, les poules ne finissent pas le blé qu’on leur met à disposition. Une participante dit qu’elles sont “comme mes chats, à réclamer quand j’arrive à n’importe quelle heure, alors elles picorent un peu et s’en vont avec une caresse en laissant tout”.

 

Attention à protéger les graines des souris, mulots, rats…

 

Il y a un adage qui dit qu’« une ortie dans le poulailler c’est un œuf de plus dans le panier »: a priori les orties favoriseraient la ponte… (http://poulailler-bio.fr/lortie-pour-les-poules-et-les…/)

 

Une bonne observation de ses poules est nécessaire pour voir si elles ont une nourriture appropriée, c’est-à-dire assez abondante et assez variée. Si elle est tonique, mobile, avec de belles plumes, normalement tout va bien !

Comme l’a dit un des propriétaires de poules présent à cette table ronde, il est important de faire avec son cœur et avec son ressenti.

 

Comment soigner ses poules ?

 

D’une façon générale, quand plusioeurs poules en même temps sont malades, c’est un signe que quelque chose est à reprendre dans le poulailler : l’alimentation n’est pas adéquate, l’abri n’est pas suffisamment sain (trop d’humidité ou trop de vent en hiver, pas assez d’ombre et de fraîcheur en été, trop de promiscuité…)

 

Si une  poule est malade, quelques petits trucs tout simples peuvent suffire pour la remettre d’aplomb : des rations plus riches en protéines (par exemple de la pâtée pour chat), du pain mouillé, quelques gouttes de vinaigre dans de l’eau. Il paraîtrait que certains “remèdes de grand-mère” des humains marchent aussi pour les poules : du thym, de l’ail…

 

Pour éviter les maladies (microbes, parasites), et pour le bien-être des poules, il est important de maintenir une bonne hygiène dans le poulailler, de le nettoyer assez régulièrement.

 

Voilà déjà une bonne petite liste de conseils. Pour aller plus loin, voici quelques références de livres et de sites Internet, en partant du plus simple :

– Michel AUDUREAU & Patricia MÉAILLE, J’élèverais bien des poules, Terre Vivante, 2012, 96 p. (12 €)

– Michel AUDUREAU, Petite encyclopédie de la poule et du poulailler, Terre Vivante, 2015 (25 €)

– Hervé RICCA, Un poulailler naturel.

– Revue “Poules et jardins”

http://poulailler-bio.fr/

www.gallinette.net (avec deux ll)

http://www.poulaillerdesign.com

http://poulescoqsnormandie.over-blog.com/article-poules-les-meilleures-races-d-apres-terre-vivante-115749805.html

– Et pour finir, un petit reportage sur France3 Touraine, avec Michel Audureau : https://www.youtube.com/watch?v=ryXD6l7CMkE