Le mouvement des villes en Transition

Le mouvement de Transition :
Qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ? Comment ça marche ?

 

Le mouvement des “initiatives de Transition” est né en 2006 dans une petite ville anglaise, Totnes, à l’initiative d’un professeur de permaculture, Rob Hopkins. Il existe aujourd’hui plus d’un millier d’initiatives de Transition dans 43 pays à travers le monde. Toutes ces initiatives sont singulières car elles varient selon leur territoire (son histoire, sa géographie, sa culture, ses habitants, etc.) Mais toutes partagent un même constat, une même philosophie, et des objectifs similaires.

 

Une initiative de Transition, pour quoi faire ?

 

Le mouvement de la Transition part d’un constat simple : le modèle de développement occidental va très bientôt se heurter à des réalités implacables, notamment le pic pétrolier et le changement climatique.

– Le pic pétrolier n’est pas la “fin du pétrole” : c’est le moment où la production de pétrole plafonne
avant de commencer à baisser inexorablement, car les réserves de pétrole exploitables s’amenuisent. Pour le dire autrement, c’est la fin de l’ère du pétrole abondant et bon marché. Ce pic du pétrole est imminent. Or, notre mode de vie est presque totalement dépendant du pétrole bon marché : notre niveau de vie, nos objets, notre nourriture, nos déplacements, les métiers que nous exerçons, nos loisirs, etc.

– Quant au changement climatique, il est aujourd’hui très bien documenté et l’origine humaine n’en fait plus de doute. Nous déréglons le climat en rejetant dans l’atmosphère des quantités gigantesques de gaz à effet de serre, par nos déplacements, nos pratiques de consommation et d’alimentation, notre alimentation, notre agriculture intensive, etc. Les conséquences du changement climatique seront massives, si bien que tout doit être fait pour le limiter au maximum (atténuation), et pour s’y préparer (adaptation).

 

A l’heure actuelle, nos sociétés et nos territoires ne sont absolument pas préparés aux chocs qui s’annoncent, et dont les plus fragiles vivent déjà les effets (pauvreté, malbouffe, précarité énergétique, épisodes climatiques extrêmes…).
Le mouvement de la Transition se fixe donc pour objectif d’aider les territoires à se préparer pour faire face aux chocs du pic pétrolier, du changement climatique, de la crise de la biodiversité… Il vise à rendre les territoires plus “résilients” face à la crise écologique, c’est-à-dire capables d’encaisser les chocs qui se profilent, sans s’effondrer, parce qu’ils auront mis en place un “plan B”.

Pour que chaque territoire dispose d’un “plan B” pour l’après pic pétrolier, le mouvement de la Transition propose de mettre en œuvre localement des actions (et de développer celles qui existent déjà) pour :

  • sensibiliser l’ensemble des habitants d’un territoire, pour qu’ils prennent mieux conscience de la crise écologique et de ses conséquences prévisibles
  • aider ces habitants à se préparer avec des solutions concrètes, pragmatiques, efficaces

Il n’y a pas de modèle unique et à recopier tel quel depuis Totnes vers Rennes, Biarritz, Digne-les-Bains ou Beauvais. C’est aux citoyens de décider, chemin faisant, de ce que sera leur initiative de Transition . En fonction des caractéristiques de leur territoire et de sa population, ils sauront trouver les solutions adaptées.

Mais la philosophie et les objectifs généraux de toutes les initiatives de Transition sont toujours les
mêmes :

  • réduire la consommation d’énergie d’origine fossile et les émissions de CO2.
  • relocaliser tout ce qui peut l’être (la production, la consommation, la formation…).
  • aider les habitants à acquérir des savoirs et des savoir-faire qui deviendront indispensables dans un monde sans pétrole (il faudra manger local, se déplacer moins et autrement, économiser l’énergie et si possible en produire localement, partager et réparer les objets, etc.)

 

Une initiative de Transition, comment ça marche ?

 

1) L’un des grands principes du mouvement de Transition est son état d’esprit résolument constructif. Il ne s’agit pas de lutter “contre”, mais “pour”.

Le mouvement de Transition n’ignore pas qu’il y a énormément de choses scandaleuses contre lesquelles il est légitime de lutter (les pesticides, les incinérateurs, le gaspillage des terres fertiles, la spéculation sur les matières premières, etc.). La plupart du temps, les personnes qui sont impliquées dans des initiatives de Transition participent activement à des mobilisations de ce type.

Mais en tant que tel, le mouvement de Transition ne s’engage pas dans ces luttes. Il se concentre sur un autre type d’action qui consiste à faire vivre des projets concrets. Comme l’écrit Rob Hopkins, le but de la Transition n’est pas de lutter contre le système actuel, mais de mettre en place “un plan B“, à savoir “une structure (…) qui sera prête à prendre la relève quand le système actuel tombera en panne“.

>> Une initiative de Transition est donc complémentaire avec les mobilisations écologistes ou “alter”.

 

2) Le deuxième grand principe de fonctionnement des initiatives de Transition est la volonté de s’appuyer sur les associations et les acteurs locaux.

Une initiative de Transition ne vient pas concurrencer tous ceux qui mènent déjà des actions pertinentes sur son territoire (AMAP, ressourcerie, association d’usagers du vélo, association de protection de l’environnement, etc.).

Le but d’une initiative de Transition est d’amplifier les actions qui sont déjà mises en œuvre, de les valoriser, de les aider à toucher de nouveaux publics, de participer au lancement d’autres actions. Elle y aide en donnant un but ou un horizon commun à toutes ces actions. Avec la Transition, les actions menées par chaque association prennent une signification et une portée plus large : non seulement l’association poursuit le but qui est inscrit dans ses statuts, mais à travers ses activités, elle contribue à faire en sorte que le territoire (par exemple Beauvais) soit plus “résilient” face au choc du pic pétrolier.

Une initiative de Transition est donc une alliance ou un réseau d’associations et d’acteurs locaux.

Concrètement, elle encourage et elle aide les actions menées en partenariat entre différents acteurs,
notamment pour les échanges de savoir-faire.

>> Une initiative de Transition, c’est comme un immense jeu coopératif.

Face au pic pétrolier et à la crise écologique, si nous agissons seuls, nous sommes tous certains de perdre. Mais si nous jouons collectif, nous avons de bonnes chances de bâtir un monde qui ne ressemblera pas du tout au monde d’aujourd’hui (fin du pétrole oblige), mais qui finalement pourrait s’avérer plus agréable à vivre : nous passerons du “beaucoup-avoir” au bien-être !

 

3) Le troisième grand principe de fonctionnement des initiatives de Transition est “l’approche inclusive”.

Cette formule signifie que le mouvement de Transition “tend la main” bien au-delà des militants et des sympathisants habituels des mouvements écologistes et alter. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues (à condition bien sûr de respecter un certain nombre d’objectifs et de valeurs).

Une initiative de Transition s’appuie sur les groupes existants dans le champ de l’écologie, de l’économie sociale et solidaire, etc. Mais elle essaye aussi de nouer des partenariats avec bien d’autres acteurs (par exemple les associations de jardins familiaux, les associations de quartier, les troupes de théâtre, les clubs de cuisine, les associations de défense du patrimoine, les médecins…).

Quant aux élus locaux, le mouvement de Transition considère que s’ils veulent contribuer aux efforts pour rendre le territoire résilient au pic pétrolier, s’ils veulent participer en tant qu’élu ou simplement à titre individuel, leur appui est aussi le bienvenu. Dans le cas contraire, cela n’empêche par les acteurs du mouvement de continuer à tracer leur sillon.

>> Chacun peut participer à la mesure de ses envies, de ses compétences et de sa disponibilité.

 

Au fond, une initiative de Transition est une “maison commune” à toutes les actions qui ont déjà lieu sur un territoire et à toutes celles qui se lancent. Elle encourage et soutient toutes les actions et les projets qui correspondent à ses objectifs généraux, sans s’y immiscer. Elle a simplement (mais c’est beaucoup) un rôle de coordination, de mise en réseau, de valorisation. Elle insère les actions en cours et en projet dans un horizon plus large, et elle leur donne un but commun : rendre le territoire résilient au pic pétrolier.

 

Pour en savoir plus sur les villes en transition, voici le site internet de Transition France, et le livre de Rob Hopkins, Manuel de transition, à lire absolument:

Manuel de transition